17 juin 2024

Le rôle de la Commune dans le marché immobilier

La pénurie appauvrit le tissus socio-économique :
Le marché immobilier vaudois est asséché. Le taux de vacance des logements dans
les villes s’approche de zéro. Cette situation favorise la spéculation immobilière et
foncière. Sur l’arc lémanique, les rares objets offerts à la vente se situent à plus de
8000.-/m2, soit un demi-million pour un 3 pièces. En location, le neuf atteint les 300.-
/m2, soit 2000.-/mois pour le même objet. On a atteint l’état de pénurie.
Actuellement, seuls les hauts revenus peuvent s’installer sur l’arc lémanique, et les
familles modestes, voire de la classe moyenne, sont repoussées vers l’arrière-pays.
Cette situation n’enrichit que les promoteurs, gérances et propriétaires et appauvrit le
tissus socio-économique qui a besoin de jeunes couples pour créer de vraies
richesses.

Le disfonctionnement des mécanismes du marché :
Cela était prévisible au vu de la croissance économique du canton et de
l’augmentation de la population. Lorsqu’il y a abus et que les mécanismes du marché
ne fonctionnent plus, la collectivité publique doit agir. Hélas, elle intervient toujours en pompier, lorsque le feu brûle. On le voit maintenant avec la dérégulation du système financier mondial : les Etats doivent intervenir, quelle que soit leur appartenance politique, mais le mal est fait.

Spéculation immobilière et intervention de l’Etat :
Pour contrecarrer la spéculation, les communes doivent pouvoir participer activement au marché immobilier. En France, le droit de préemption urbain est prévu par le droit
public et attribué aux communes dotées d’un plan local d’urbanisme. Les
Municipalités de gauche comme de droite ne s’en privent pas.

Etre libéral et interventionniste :
Qu?en est-il à Vevey ? Faisons un peu d’histoire et remontons dans les années 60. Le Syndic d’alors, Monsieur Jean Kratzer était un visionnaire. Tout en tenant ferme les rênes des finances de la ville, qui étaient au plus bas à son arrivée, il n’a pas manqué une occasion de se porter acquéreur d’un bien, lorsqu’une possibilité favorable se présentait. Comme libéral, il a mené une politique de participation active
au marché et cela a permis un développement harmonieux de la ville. En 2000,
lorsque la parcelle des anciens ACMV, de plus de 20’000 m2, était à vendre, en ma
qualité de Syndic, j’ai pris langue avec son propriétaire financier, la BCV et la
direction de l’époque m’a proposé le prix très raisonnable de 14 millions. La
Municipalité avait alors décidé de l’acquérir, mais au vu du peu d’empressement des
partis du centre droite, le préavis avait été retiré de peur qu’il n’échoue au Conseil communal.
Nous avions alors décidé de laisser nos successeurs, issus des élections
communales de l’automne 2001, reprendre ce dossier. On sait ce qu’il en est
advenu : une régie immobilière fort honorable par ailleurs, l’a acquis pour le double.

Notion du bien immobilier de valeur stratégique :
La conclusion est limpide. Les communes qui ont le souci du bien public doivent
acquérir les biens immobiliers stratégiques lorsqu’une occasion se présente. C’est ce
qu’a proposé la Municipalité au Conseil avec le bâtiment de l’ancienne  EPA, à la rue
d’Italie, une acquisition qui a été contestée par les Libéraux et les Radicaux par pure
considération idéologique.

La réponse de Vevey Libre :
Le vrai libéralisme ne consiste pas à proclamer la loi de la jungle, mais à fixer assez de règles pour qu’il puisse survivre dans une saine concurrence.

Yves Christen, ancien Syndic

3 réflexions sur « Le rôle de la Commune dans le marché immobilier »

  1. Informations utiles et proposition générale intéressante. Mais celle-ci demanderait à être suivie de projet(s) concret(s). Car l’opération EPA ne va malheureusement pas mettre de logements supplémentaires sur le marché (maintien et rénovation de ceux existant).
    Alors merci, même si la question «Libéral ou interventionniste ? Libéral et interventionniste ?» ne me torture guère et si le Graal de la «saine concurrence» n’est pas l’objet de ma quête.

  2. L’augmentation de la population n’est pas forcément le critère principal de cette pénurie de logement. En restant dans l’analyse historique, on constate qu’avec 18’000 habitants aujourd’hui, Vevey est simplement revenu au niveau de sa population en 1970! Or, en 1970, il y avait non seulement de la place pour loger ces habitants, mais il y avait encore de nombreuses industries, aujourd’hui disparues pour laisser la place justement à des logements (ou alors à des bureaux ?).
    La situation semble donc être plus complexe. Peut-être qu’un certain confort veut que de nombreux appartements soient sous-occupés ?
    De plus, les logements deviennent chers parce que pendant de nombreuses années, les propriétaires n’ont fait que le strict minimum dans l’entretien de leurs immeubles. Tous se pressent maintenant pour les rénover (des subventions en vue ?) et pour reporter ces frais sur les locataires, avec souvent des augmentations de loyer très importantes.
    Difficile de savoir qu’elle peut être la marge de manoeuvre d’une commune sur ces évolutions, mais elle doit être bien mince.
    Roland Rapin

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