Le Cadratin, atelier traditionnel de typographie, de création et d’expérimentation est toujours menacé de se retrouver à la rue. Le but du présent postulat est de demander à la Municipalité de trouver une solution pour pérenniser ce qui fait désormais partie du patrimoine culturel de notre ville et de notre région.
Son créateur, Jean-Renaud Dagon, a ouvert une imprimerie en 1980 à Vevey. Parallèlement à l’activité qui le fait vivre, l’imprimeur-typographe de formation s’est passionné pour le matériel d’imprimerie ancien. L’aventure a commencé en 1988 au-dessous de son ancienne maison à Clarens, puis en 1997 sur le quai Perdonnet à Vevey. Contraint de quitter les lieux en 2004, il s’installe à la rue de la Madeleine 10 où une nouvelle déconvenue l’attend. Malgré des engagements pris par les nouveaux propriétaires, il reçoit son congé pour 2014 en dépit de l’existence d’un bail valable jusqu’en 2020. Le voilà donc contraint de trouver une autre solution d’ici cette échéance.
Le Cadratin est devenu, au fil des années, une véritable institution veveysanne. C’est un atelier traditionnel de typographie, de création et d’expérimentation. Lors qu’on rentre dans cet espace, on a l’impression de remonter le temps. A la différence d’un musée, les machines ne sont pas qu’exposées, elles tournent grâce à un savoir faire entretenu par son créateur, c’est donc un lieu parfaitement vivant qui perpétue des compétences artisanales. Tout est vieux, l’ambiance appartient à un autre temps, mais tout fonctionne comme à l’époque.
Jean-Renaud Dagon est passionné de typographie, de beaux-papiers, d’impressions en relief par pure passion de cet art. Il travaille sans contrainte de productivité. Les tirages sont pour la plupart limités ou numérotés. Cela ne lui rapporte rien en espèces sonnantes et trébuchantes, au contraire même, mais il le fait par pure passion.
L’atelier comprend de vieux meubles de rangement d’imprimeur, tous en bois, garnis de nombreuses casses contenant les diverses polices de caractères en plomb ou en bois, et de casseaux renfermant filets en laiton ou cadres et motifs décoratifs en plomb. Les lingotiers, quant à eux, contiennent lingots et interlignes. Pour l’impression, ils utilisent des Heidelberg à platine ou à cylindre, des années 1950 et une Phoenix, presse à pédale datant de 1911.
Après des démêlés en 2009, une association appelée « Les vrais amis du Cadratin » s’est constituée en adoptant les buts suivants:
Sauvegarde du patrimoine des métiers de l’imprimerie, en particulier la composition et l’impression typographiques.
Défense et promotion de ces métiers en tant qu’expression d’un art à part entière.
Transmission du savoir-faire dans tous les domaines de l’imprimerie (conception, édition, composition, impression, et reliure).
Formation, conseil et assistance dans les domaines ci-dessus, notamment par la création et l’exploitation d’ateliers.
Les journées Portes Ouvertes – organisées par l’association et l’imprimeur -rencontrent toujours un succès considérable – preuve de l’intérêt public de ce site – et le Cadratin jouit d’un large capital de sympathie. Il fait bel et bien partie de notre patrimoine historique et culturel, et mérite à ce titre toute l’attention de notre collectivité publique.
Le présent postulat demande que la Municipalité présente un rapport dans lequel elle explique les mesures qu’elle pourrait prendre pour assurer la pérennité du Cadratin et en particulier pour lui trouver des locaux à des conditions viables.
Vevey, le 21 janvier 2012 Jérôme Christen